La patience s’apprend-elle ?

Si tu as suivi nos derniers contenus publiés Instagram ou Youtube, tu as sans doute découvert plusieurs éléments clés pouvant permettre de vivre une parentalité épanouie. (apprentissage de l’autonomie, gestion des émotions, communication…).

Aujourd’hui, on a décidé de laisser la “plume” à Aurélie Fresel, spécialisée dans l’accompagnement des familles vers une parentalité consciente pour évoquer un sujet transverse à de nombreux sujets abordés sur le blog : la patience !

Voilà quelques phrases que j’entends souvent de la bouche de parents parfois agacés, parfois un peu perdus :

« Quand il veut quelque chose, il faut que je lui donne tout de suite, sinon, c’est la crise. »

« Maman, maman, maman, maman, maaaaaaaaaaaamaaaaaaaaaaaaaaaaaan ! Ça n’arrête pas. »

« Elle ne supporte pas que je lui dise non. »

« Mon enfant n’arrive pas à attendre son tour. »

Bref, la patience s’apprend-elle ? C’est ce que je vous propose de voir dans cet article.

Qu’est-ce que la patience ?

Voici la définition du Larousse, la patience n’a pas une, mais des significations :

1. Aptitude à ne pas s’énerver des difficultés, à supporter les défaillances, les erreurs, etc.
2. Qualité de quelqu’un qui sait attendre avec calme.
3. Persévérance, constance à faire quelque chose, à poursuivre un dessein. 

Ces définitions mettent en lien la notion de patience avec celle « d’erreur », de but à atteindre et de temps…

Patience, frustration et autres petits bonheurs

La patience et la frustration sont-elles opposables ? À mon sens, non. La notion de patience n’existe que parce que la frustration est présente– c’est-à-dire le fait de ne pas avoir ce que l’on désire et en ressentir de la gêne. En d’autres termes, si vous n’avez pas vraiment envie/besoin de quelque chose, vous n’avez pas besoin d’être patient.

Plus l’enfant est jeune et plus les occasions de frustration sont nombreuses. Je m’explique : quand l’enfant ne peut faire ce qu’il/elle désire seul/e, il/elle va se tourner vers des personnes pouvant l’aider à réaliser son souhait. Problème, la ou les personnes qu’il/elle contacte ne sont pas toujours disponibles – ou d’accord -pour faire ce qu’il/elle veut. Ce qui peut engendrer de la frustration. Et cela, l’enfant le vit tout le long de la journée, pour des choses plus ou moins importantes pour lui/elle.

Voici quelques petits exemples :

• Ne peut pas se servir à manger quand il/elle a faim.
• Ne peut pas se servir à boire quand il/elle a soif.
• Ne peut pas toujours se distraire comme il/elle en a envie : aller au parc, sortir un jeu placé en hauteur.
• …

Notion du temps qui passe

Pour les jeunes enfants, la notion du temps qui passe est très difficile à comprendre. Ils/elles se basent sur le déroulement d’actions répétitives pour structurer leur « espace temporel ». En terme un peu plus compréhensible :

•  le bébé vit dans l’immédiateté : si c’est présent c’est que ça existe et existera toujours, si ce n’est pas présent, c’est que ça n’existe pas et n’existera jamais
•  vers 2 ans, les enfants utilisent les évènements forts du quotidien – temps de repas, de « dodo »… – pour se repérer dans le temps.
•  vers 4 ans, les enfants commencent à comprendre que le temps peut être « compris »/ « mesuré » autrement que par des actions.
• ce n’est que vers 10 ans – et il ne s’agit ici que d’une moyenne – que les enfants ont une compréhension et utilisation des repères temporels proche de ce que nous adultes utilisons.

Remarque : C’est uniquement à partir du moment où l’enfant comprend que ce qui n’est pas encore là peut l’être « plus tard » que la notion de patience peut apparaître – étant donné qu’avant cette période, le « temps » n’existe pas pour l’enfant.

(Si tu souhaites aider ton enfant à développer sa notion du temps qui passe, n’hésite pas à lui proposer des outils comme l’horloge Montessori ou le train de la semaine !)

La patience s’apprend-elle ?

La « patience » suppose donc deux éléments majeurs :

1. vouloir quelque chose
2. ne pas pouvoir l’avoir tout de suite – et savoir que nous l’aurons plus tard.

Nous avons vu que la vie permettait à l’enfant d’expérimenter la frustration.

Nous avons également vu que l’expérience du temps qui passe était comprise assez tard dans la vie d’un enfant.

Alors la question se pose ; la patience s’apprend-elle et surtout, est-il possible d’accompagner un enfant dans cet apprentissage – si apprentissage il y a ?

Petit exercice de style : imaginez-vous vouloir quelque chose vraiment très fort. Qu’est-ce qui vous permet d’être patient(e) ? La certitude de l’avoir plus tard. Ce qui suppose d’avoir déjà fait l’expérience du « pas tout de suite, mais plus tard » et d’avoir vécu cette expérience suffisamment de fois pour en avoir fait un souvenir heureux.

À l’inverse, si vous expérimentez – et intégrez – que le « pas tout de suite, mais plus tard » signifie en réalité « jamais ». Alors vous risquez fort de ne pas être patient(e) et de vouloir les choses tout de suite.

Estime de soi et confiance en l’autre

Le point vu proposé plus haut introduit deux autres notions qui me semblent importantes lorsque nous nous questionnons sur la possibilité « d’apprendre » la patience aux enfants. Il s’agit de la confiance et de l’expérience .

• La confiance va naître, aussi, de l’expérience. Si vous souhaitez que votre enfant soit patient/e, il est primordial, à mon sens, qu’il/elle soit persuadé/e que ce que vous lui dites est ce qui va se passer.
• L’expérience va permettre à l’enfant de se positionner face à la réalisation ou pas de son désir. Ainsi, avec le temps, l’enfant va « savoir » s’il/elle va avoir ce qu’elle souhaite tout de suite, un jour, bientôt, jamais… Et cela va déterminer sa manière de réagir

exemple : Il/elle sait qu’elle ne l’aura jamais, il/elle va devoir accepter à renoncer à son désir, il s’agit ici de gérer la déception, parfois le deuil de la chose désirée.

Exemple deux : Il/elle sait qu’il/elle l’aura, mais plus tard, il s’agit ici de supporter l’attente. Nous pouvons alors parler ici d’apprentissage de la patience/attente.

Remarque : La définition du Larousse met en avant une idée de « valeur » positive donnée à la patience ; il apparaît que la « patience » est considérée comme une « vertu ». Ce qui engendre directement un classement/jugement de valeur quant aux personnes qui auraient ou pas, de la patience. Il serait alors possible de classer une personne « patiente » ou « pas patiente », en « bonne » ou « mauvaise » personne – ce qui donne une étiquette dont il n’est pas toujours facile de se défaire avec le temps. Si le sujet vous intéresse, je vous propose d’aller voir l’article « Être » ou ne pas « être » ou comment communiquer sans étiqueter ?!?.

Trucs et astuces

Pour finir cet article, je vous propose un petit rappel des notions entrant en jeu pour « la patience »

• Avoir envie de quelque chose
• Avoir une compréhension du temps
• Avoir déjà vécu des expériences « similaires »

Comment accompagner un enfant à vivre sereinement l’attente dans la réalisation d’un désir ?

1. Validez le fait que vous avez entendu/compris la demande de l’enfant
2. Annoncez de manière claire si la demande va être réalisée, quand et comment
3. Respectez ce que vous lui dites
4. Répétez, répétez, répétez les expériences positives !

La patience se développe avec le temps. L’enfant a vraiment besoin d’être accompagné par les adultes autour de lui/elle pour expérimenter l’attente positive de la réalisation d’un souhait.

Partagez-nous vos expériences de l’apprentissage de la confiance dans le temps qui passe !

Aurélie FRESEL

Facilitatrice de rencontre enfant-parent

Le Temps Des Séquoias .com