Pour l’enfant, comme les parents, le rituel du coucher est l’un des moments clés de la journée. En semaine, pour peu que l’on rentre tard du travail, il pourra s’agir du seul moment d’échange, de qualité, que l’on aura avec son enfant. Autant en faire un instant de calme et de douceur ! Facile à dire car, si le coucher peut effectivement s’avérer idyllique, il faut parfois admettre qu’il peut aussi rapidement se transformer en véritable cauchemar...
Voici donc, d'après notre expérience avec notre petite qui a 6 ans aujourd'hui, nos quelques conseils pour réussir ce moment important pour chacun !
Nous reviendrons en détail dans un prochain article sur l’importance des rituels et routines dans l’organisation de la journée d’un enfant, mais pour le soir, de manière générale, l’idée est d’avoir un schéma récurrent, quel que soit le jour de la semaine. Tous les soirs, à partir de 18h15 démarre notre routine quotidienne qui nous conduit jusqu'au rituel du coucher. Celle-ci a l’avantage d’être apaisante et sécurisante pour l’enfant et de le faire progresser dans son apprentissage de l’autonomie et sa collaboration aux tâches du foyer.
A titre d’exemple, après le repas (19h30 si tout va bien), je demande généralement à ma fille (et depuis qu’elle a 4 ans) ce qu’elle va faire ensuite. « Je débarrasse mon assiette, je me lave les mains, je me brosse les dents, je fais pipi, je choisis une histoire et je vais au lit » (L’étape de l’assiette est souvent oubliée, mais on s’accroche). Elle est désormais quasi autonome sur cette partie mais bien sûr, il a fallu beaucoup d'accompagnement et de bienveillance les premières années. Aujourd'hui encore, il lui arrive de "rêvasser" entre deux tâches ou d'en oublier une et c'est à nous de la remettre dans le "droit chemin". 😉
En général, pendant que ton enfant s’occupe de terminer sa routine, profites-en pour te détendre un quart d’heure. Mets un morceau de musique qui t’apaise, prend le temps de respirer et d’écarter les pensées négatives qui pourraient encore te polluer l’esprit. C’est peut-être le meilleur conseil qu’on pourra te donner. Aborder le rituel du coucher chargé du stress de TA journée ne te mettra pas dans la meilleure des dispositions pour échanger avec ton enfant, être en posture d’écoute active et profiter du moment. L’état d’esprit avec lequel tu abordes le rituel du coucher est à mon sens aussi, voir plus important que l’état d’esprit de ton enfant. Lui, n’a pas encore les codes pour comprendre et interpréter ce qu’il ressent. Toi, l’adulte doit être en capacité à le faire pour lui.
Le besoin d’une routine quotidienne bien établie ne nous empêche cependant pas de faire des écarts. Sortir le samedi soir chez des amis en amenant notre fille n’est heureusement en aucun cas exclu. Un simple « ce soir, on fait la fête, tu vas pouvoir te coucher plus tard ! » permet à l’enfant de comprendre que le schéma établi ne sera pas respecté (et qu’en aucun cas ce n’est grave).
Et si la routine du soir n’est pas encore en place de ton côté ne t’inquiète pas, nous t’expliquerons bientôt comment nous l’avons intégré au fil du temps et te fournirons également quelques outils qui nous auraient été utiles à l’époque pour aller plus vite !
Au risque de choquer les parents qui souhaiteraient respecter à la lettre les nombreux tableaux qu’on peut trouver sur internet ou dans les livres de pédiatrie, depuis qu’elle est en âge d’aller à l’école, j’ai toujours couché ma fille à 20h00, quel que soit son âge. Et ce, simplement parce que je rentrais tard du travail mais que je tenais à la coucher. Cette heure n’a donc jamais changé et n’est pas près de changer. Quelque part je considère (peut-être pour me rassurer) que la routine acquise depuis maintenant plusieurs années n’a jamais eu à être perturbée. Seules quelques demandes liées à l’évolution de ses capacités ont été ajoutées au fur et à mesure.
Ne culpabilise donc pas parce que tu as un quart d’heure de retard sur l’heure préconisée par tous. Chacun son emploi du temps, ses contraintes et comme dit précédemment, il vaut peut-être mieux coucher ton enfant un quart d’heure « trop tard » mais dans de bonnes dispositions pour lui comme pour toi, plutôt que de se presser à tout prix pour que ton enfant soit au lit à l’heure pile. Cela risque de ne faire qu'empirer les choses : il est toujours plus compliqué de coucher un enfant stressé qu'un enfant apaisé !
Un seul parent ou les deux, telle est la question ! J’ai tendance à croire que chaque parent devrait avoir le droit de profiter du rituel du coucher avec son / ses enfants. Personnellement, si et quand chacun le souhaite, je ferais l’histoire du soir à deux. Si on ressent cependant le besoin d’ajouter des étapes (que nous verrons ensuite) au rituel, je ne garderais qu’un seul des deux parents (en alternance un soir sur deux, ou le plus disposé tout simplement) pour favoriser une communication en dialogue 1 pour 1 avec l’enfant.
Le temps idéal pour effectuer le rituel du coucher peut être très variable en fonction de l’enfant en lui-même, mais également de sa journée, de son humeur, de ses angoisses… Au-delà de 30 minutes, j’ai tendance à croire que le rituel se transforme doucement en contrainte. Rien de grave si c’est exceptionnel, mais cela ne doit pas être une habitude au risque que chaque soirée soit uniquement dédiée à l’enfant et qu’il s’endorme finalement beaucoup trop tard.
Depuis maintenant un an, j’ai remplacé la veilleuse traditionnelle par un réveil sur lequel je peux mettre une veilleuse qui diminue d’intensité jusqu'à s’éteindre au bout de 30 minutes. J’enclenche le décompte au début de l’histoire, après la phase de dialogue. Les 10 premières minutes sont dédiées à l’histoire (on y voit suffisamment clair pour lire) et je pars généralement 10 à 15 minutes avant que la lumière ne soit totalement éteinte.
Avant de démarrer l’histoire, propose à ton enfant d’organiser son lit. Disposer ses peluches, préparer ses draps, le mettra naturellement en condition pour se coucher parce qu’il aura choisi de lui-même comment sera organisé son environnement. On aimerait tous qu’il n’y ait qu’une seule peluche à côté de l’oreiller, mais de ce que je peux entendre autour de moi, on sera généralement plus sur une moyenne de 10 à 15 doudous !
« Peut-on enlever ce vieux nounours qui prend la moitié du lit à lui tout seul ? Ou le mettre au bout du lit éventuellement, car ce pauvre doudou est bien serré entre le gros lapin et la licorne ? Et si on devait n’en garder que 3 ? Les autres peuvent aller se reposer bien sagement sur la commode ? »
Il faut bien faire comprendre à ton enfant que le lit est un lieu pour dormir et que l’idée du rituel du coucher n’est pas de faire la classe à toute sa joyeuse bande de peluches. On gardera donc les favorites, celles sans qui on ne pourrait pas fermer l’œil et pour les autres, on les laissera à la vue de l’enfant.
Si tu sens que le sujet est délicat, ne lui brise cependant pas le cœur, l’idée n’est pas de tout changer d’un coup mais étape par étape !
Il est maintenant temps de prendre 5 à 10 minutes pour discuter. Cette période est importante pour moi car elle me permet d’établir un dialogue de confiance et il est souvent plus facile pour un enfant de partager sa journée, ses sentiments, dans un environnement calme. A table, à la question « Tu as passé une bonne journée ? », ma fille répondra systématiquement « Oui ». A la question suivante « Qu’as-tu fait aujourd'hui », la réponse courante est « Je ne sais plus ». Frustrant n'est-ce pas ?
Juste avant l’histoire, il sera plus facile de se confier. En l’absence de réponses, n’hésite pas à partager ta journée, en décrivant un événement clé. Même s’il s’agit de choses anodines comme ton repas du midi, cela pourra donner un exemple à ton enfant pour refaire le fil de sa propre journée.
Profite en également pour prendre la température, pour essayer de savoir comment ton enfant se sent. Est-il trop excité ou au contraire, dans de bonnes dispositions pour dormir ? Ressent-il de la joie, de la tristesse, quelle est son humeur ? Physiquement, se sent-il fatigué ? A-t-il mal au ventre ?
En fonction de ce que tu as pu entendre / comprendre, explique les étapes suivantes à ton enfant :
Avant de continuer, attends toujours que ton enfant valide ta proposition, sans quoi il aura facilement tendance à vouloir ajouter une activité ou gagner du temps par la suite. Avec le temps, c’est lui qui pourra proposer une histoire qui lui convient et pourquoi pas un exercice qui l’aidera à se détendre.
Avant son entrée au CP et parce que j’avais envie de varier un peu l’interaction avec elle, j’ai rapidement proposé à ma fille des histoires « participatives ». Nous vous proposerons également bientôt un article dédié, mais l’idée est qu’à plusieurs moments (comme dans les livres dont vous êtes le héros, pour ceux qui connaissent) l’enfant va pouvoir faire des choix qui auront un impact sur le déroulé de l’histoire. Ça ne prend pas plus de temps, mais ça amène une vraie interaction et un sentiment de satisfaction pour l’enfant qui après plusieurs essais / soirs arrivera enfin au meilleur résultat possible. Le seul risque ? Que ton enfant te demande la même histoire pendant un mois de suite parce qu’il n’a pas encore fait tous les chemins possibles ou parce que tout simplement il ne s’en lasse pas même s’il connaît tout par cœur !
A partir de son entrée en CP et son apprentissage de la lecture j’ai complété avec une série de livres dédiés à son niveau scolaire et nous faisons maintenant les lectures à deux, chacun ses paragraphes, chacun ses dialogues. Tu trouveras d'ailleurs en fin d'articule une petite vidéo que nous avons fait à ce sujet !
Et après ?
Qu’as-tu retenu du temps du dialogue ?
Nous préparons un article entièrement dédié aux exercices de méditation à faire avec ton enfant en fonction de son humeur, de ce qu’il aura pu exprimer.
En attendant, voici quelques clés :
Si tu n’arrives pas du tout à déterminer ce qui ne va pas et que ton enfant n’est pas ouvert à la discussion, des exercices de respiration (inspiration lente et profonde par le nez, expiration par la bouche) seront toujours utiles. Un autre exercice que j'aime bien faire, même à titre personnel, est d'essayer en partant de la tête jusqu'au doigts de pieds de contracter chaque partie du corps. Cela prend un peu de temps mais oblige à rester immobile (en dehors de la zone ciblée).
Dans cette vidéo, on te parle de "petit rituel zen" qui contient 30 petites cartes que tu pourras utiliser à ce moment-là :
Lorsque toutes les étapes ont été franchies et "validées par ton enfant", il est temps de lui faire un gros câlin, un bisou, de lui dire « bonne nuit », « à demain », « je t’aime fort » et surtout attendre sa réponse. Il signifie ainsi qu’il a compris la fin du rituel et qu’à présent il est prêt à s’endormir tout seul.
Essaie vraiment d’aborder la phase de coucher comme un plaisir et non une contrainte. Il doit s’agir d’un échange sincère. Dans la mesure du possible, c’est le parent le mieux disposé qui s’occupera du coucher. En tous les cas, ne pas :
Plutôt que de crier ou punir, ce qui ne le fera de toute façon pas dormir plus vite, demande lui de proposer une solution calme, qui lui conviendrait, pour se détendre, mais à la condition que ce soit seul et dans son lit, car le rituel du coucher est terminé. Explique-lui que ça ne pose pas de problème s’il ne s’endort pas tout de suite, mais que l’heure du lit est dépassée et qu’il ne doit pas se relever. Il pourra par exemple :
En tous les cas, chaque enfant est différent et chaque journée vécue est différente. Il est important de t’assurer que tu es toi-même dans les meilleures conditions pour favoriser le sommeil de ton enfant et ensuite, de faire au mieux ! Il y aura forcément des soirs ou ton enfant (ou toi-même ?) sera fermé au dialogue, à la tendresse, à l'écoute et où il aura besoin de "décharger" un trop de pression. Dans ce cas, rien de grave, mais il faut tenir bon et le rituel se passera mieux le lendemain !
N'hésite pas à commenter et à nous faire tes retours d'expérience, à nous donner les "astuces" que toi-même tu utilises pour le rituel du coucher avec ton enfant !
Merci pour cet article qui propose de nombreuses pistes bienveillantes afin d'aider parents et enfants à vivre ce moment dans le partage et le calme. Pour ma part, j'aime associer au rituel de coucher un moment de gratitude, comme la technique du collier de perle (https://parentsenequilibre.com/la-gratitude-ingredient-du-bonheur/)
Bonjour Valentine,
Merci pour ton commentaire. Ce n'est pas systématique mais lorsque ma fille exprime des sentiments négatifs, un peu dans l'idée du collier de perles que tu évoques dans ton article, je l'invite à ne pas se focaliser dessus mais au contraire, à me parler de ce qui l'a rendue heureuse. Comme pour les adultes, les enfants on souvent tendance à se focaliser sur un événement / échange négatif de la journée, et nous pouvons être là pour leur rappeler que tout le reste autour était positif !
Merci pour ce très bel article sur quelque chose qui m’a toujours plu quand je le partageais avec mes neveu et nièce
Bonjour Nicolas. Merci pour ton commentaire ! Il est vrai que d'autres que les parents profitent aussi parfois du rituel du soir avec un enfant. Le "défi" peut-être d'autant plus grand que le rituel habituel n'est pas forcément connu, et que l'on aura pas forcément les repères / l'historique. Pourtant les attentes de l'enfant, ses besoins, seront identiques.
Article intéressant et bienveillant 🙂
Dans la culture japonaise, les.enfants dorment à côté de leur parent ce qui n'empêche pas de mettre en place un rituel.
Bonjour,
Merci pour votre retour, nous avons effectivement donné notre point de vue personnel "occidental". Le résultat de notre réflexion découle forcément d'un ensemble de bases acquises au cours de notre propre éducation et que nous ne cherchons pas (persuadés de l'évidence du modèle en place) à remettre en question. Il sera intéressant de regarder comment cette question (et bien d'autres) est traitée dans les autres cultures !