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Temps de lecture : 4 minutes
Mis à jour le : 27 Oct 2022

Les 3 piliers de l’estime de soi pendant l’enfance

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L’estime de soi se définit comme la perception que l’on a de nous même, comment on se voit et comment on pense que les autres nous voient. Etymologiquement parlant, le concept d’estime de soi revient à s’évaluer, se “mesurer” de manière rationnelle.

L’estime de soi, au même titre que la compréhension et la gestion des émotions est l’un des piliers de l’intelligence émotionnelle chez l’enfant. Elle participe grandement au développement d’un sentiment de bien être au quotidien, à sa capacité à surmonter les épreuves et à interagir positivement avec les autres. Elle se forge dès les premières années de sa vie au travers de ses interactions sociales avec ses parents, l’entourage familial et amical, puis le milieu externe (crèche / nounou / scolaire).

Lorsqu’on parle d’estime de soi autour de nous, que ce soit au sein de notre cercle proche ou de parents, on se rend compte que l’estime de soi peut être vue à tord comme un excès d’amour propre et que la travailler est parfois perçu comme synonyme de favoriser et développer un égo surdimensionné chez notre enfant.

Elle est pourtant primordiale dans la construction de l’équilibre psychologique à venir de ce dernier dès son plus jeune âge et repose, selon Christophe André et François Lelord, auteurs de “l’Estime de soi”, sur trois piliers fondamentaux :

  • La confiance en soi
  • La vision de soi
  • L’amour de soi

Voici notre vidéo dédiée à ce sujet qui te donnera tous les détails :

Tu peux également écouter le podcast juste ici :

Pilier #1 – La confiance en soi

Généralement confondue avec l’estime de soi, la confiance en soi n’en est que l’une des composantes. Avoir confiance en soi, c’est être capable d’agir pour progresser, aller de l’avant. Elle s’exprime donc au travers de nos actes, au quotidien. Elle permet de faire face aux peurs naturelles et surmonter les inhibitions de l’enfant :

Le sentiment d’infériorité

“Je suis nul(le), je ne vais pas y arriver”.

Surprotection (c’est trop dur pour toi) et critiques (tu es trop petit(e)) sont souvent la cause d’un sentiment d’infériorité chez l’enfant. Naturellement, l’enfant a tendance à être curieux, vouloir découvrir et n’a pas forcément conscience des limites. On cite souvent Mark Twain qui disait très justement : “Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait !”. Protéger son enfant est une chose, mais anticiper son échec en l’empêchant d’essayer l’invitera à ne plus tenter de nouvelles choses en constatant par avance qu’il n’y arrivera pas. Au contraire, le féliciter pour ses tentatives, quels que soient ses résultats l’amènera à dépasser ses limites et conserver sa confiance en soi.

Peur de la critique/du regard des autres

“Ils vont se moquer de moi”.

Si elle est importante, l’opinion des autres, notamment de ses parents, ne doit pas devenir un poids pour l’enfant qui doit avant toute chose se chercher et s’essayer à ce qu’il aime. En tant que parents, notre rôle est de fixer les limites acceptables aux comportements de notre enfant et d’expliquer pourquoi. Nous ne devons pas le rabaisser ou rire de lui, au risque de développer un profond sentiment d’insécurité.

Difficulté à s’affirmer, à s’exprimer

“On ne m’écoutera pas, on va me contredire”.

Se sentir écouté, compris, savoir que sa parole est prise en compte est essentiel pour l’enfant qui grandit. Cela lui permettra d’oser dire ce qu’il pense, de s’affirmer, d’exprimer ses émotions. A terme, il apprendra à développer sa répartie, sa capacité à débattre.

Pilier #2 -La vision de soi

C’est le regard que l’on porte sur soi, comment on se perçoit physiquement et moralement.

  • Lorsque ton enfant se regarde dans le miroir, que voit-il ? Comment se décrit-il ? Quelle vision a t-il de ses caractéristiques physiques ?
  • Lorsque ton enfant parle de ses qualités et des ses défauts, quel vocabulaire utilise t-il ?

S’il est déjà difficile pour un adulte d’être objectif sur lui-même, le manque de maturité d’un enfant fait que cela devient impossible. La vision qu’il a de lui-même sera donc essentiellement celle qu’il aura retenue dans le regard et les paroles des autres.

La vision de soi découle de nombreux facteurs :

A court terme, les paroles entendues et les actes du quotidien

Consciemment ou non, l’enfant enregistre les remarques qui sont faites à son égard tout au long de sa journée. Il se forge ainsi une opinion de lui-même, miroir de ce qu’il entend, incompatible avec la réalité. Sa vision du soi est subjective car il retiendra beaucoup plus facilement les critiques négatives que positives.

Les gestes d’affection ou au contraire de rejet sont également des facteurs favorisant ou non une vision de soi positive.

A moyen terme, la capacité à gérer les émotions et l’expérience vécue

Gérer ses émotions, c’est adopter un comportement adapté à une situation qui se présente. L’attitude adoptée par l’enfant en fonction des événements vécus et le recul nécessaire à cette gestion des émotions sont des facteurs importants qui contribuent au fait de se connaître et d’avoir un regard sur soi objectif.

A long terme, l’idéal à atteindre (ou éviter)

Très jeunes, les enfants voient que leur entourage a des attentes vis à vis d’eux, parfois liées à leurs propres aspirations ou ce qu’ils considèrent comme des échecs personnels. “Travaille bien à l’école, tu auras des fins de mois moins difficiles que les nôtres”, “Attention à ce que tu manges, dans la famille, on grossit en moins de deux !”. Cette pression mise sur les épaules de l’enfant peut être néfaste dans le sens ou sa capacité à atteindre l’objectif fixé est généralement partielle et soumise à de nombreux facteurs externes.

Ton enfant doit pouvoir se fixer ses propres objectifs et tu peux être présent pour l’aider à les atteindre. N’hésite pas à en discuter avec lui et à découvrir ses aspiration profondes.

Pilier #3 – L’amour de soi

L’amour de soi est la base de l’estime de soi et le socle des deux piliers précédents. Il n’est pas directement lié au regard des autres, à des réussites ou des échecs, ou à la vision que l’enfant a de lui-même.

Sa composante principale chez l’enfant est l’amour apporté par sa cellule familiale. A la citation “s’aimer soi-même avant d’aimer les autres […]” d’Oscar Wilde, on pourrait ajouter “qu’être aimé par ses parents est l’assurance de s’aimer soi-même”. Invariablement, quoi qu’il arrive, un enfant devrait savoir que l’amour qui lui est apporté ne peut être remis en question.

C’est l’amour de soi qui apportera aux futurs adultes que sont nos enfants une stabilité affective, la capacité à établir des liens et des relations épanouissantes et une imperméabilité aux échecs ou aux critiques.

Dans notre prochain article, nous verrons ensemble quelques clés et exercices pour favoriser l’estime de soi chez l’enfant. N’hésite pas à nous dire en commentaire comment, de ton côté, tu aides ton enfant à travailler l’estime qu’il a de soi.

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16 commentaires

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Commentaires précédents (16)

  1. Lorsque nous somme dans l’amour de soi, nous sommes dans l’amour universel. Nous nous sommes libérés de notre égo déviant et autoritaire. L’amour seul suffit. Il n’y a plus de valeurs ni de jugements. C’est l’acceptation et non l’identification. L’amour de soi par le travail intérieur abolit l’image (source de comparaisons en tous genres). C’est ainsi que nous nous détachons du regard des autres d’ailleurs et nous sommes. Non plus dans l’image mais dans le Soi.

    A Winston Churchill, je lui aurais répondu : s’aimer soi pour aimer les autres. Cela vient naturellement.

    Rare est la mention du rôle de l’éducation (parentale et nationale) dans la construction psychique de l’enfant, notamment dans la confiance en soi. Je vous remercie pour cet article même si sur certaines expressions j’ai une vision différente. Mais la richesse n’est-elle pas faite de différences ?

    NB : Je suis tombée par hasard sur votre article. En écrivant un article sur le manque de confiance (parce que j’en ai souffert bien longtemps), je voulais découvrir la compréhension des autres sur l’estime de soi.

  2. Je suis tellement en phase! Malheureusement, j’ai fait les frais d’une enfance où j’ai manqué beaucoup de confiance en moi. A force de travail, j’ai fait de grands pas en avant mais cela m’a beaucoup coûté plus jeune. Aussi, j’attache une grande importance à cette notion vis à vis de mon fils, afin qu’il ait confiance en lui et qu’il ait une bonne estime de lui. Elever nos enfants en veillant à ce qu’ils puissent avoir cette estime d’eux-mêmes est un des meilleurs cadeaux qu’on puisse leur faire !

  3. Super article qui me parle tout particulièrement car ma compagne et moi-même sommes les heureux parents d’un petit garçon de 1 an et nous veillons justement à l’éduquer pour qu’il développe une bonne estime de lui-même. D’ailleurs il n’y a pas si longtemps j’ai dit à mon fils de ne pas jouer avec la télécommande de la télé parce qu’il était trop petit. En y repensant je me suis dit que je devais plutôt lui dire de ne pas jouer avec la télécommande car elle sert à changer les chaînes de la télé et que ce n’est pas un jouet plutôt que de lui dire qu’il est trop petit. D’ailleurs ma mère avait tendance à dire que j’étais trop petit pour justifier certaines choses que je n’avais pas le droit de faire et en grandissant je me suis souvent senti inférieur aux autres. Peut-être que cela vient de là.
    En tout cas je me retrouve complètement dans cet article avec lequel ma compagne et moi partageons le point de vue.
    Merci à vous.

    1. Bonjour Greg, merci pour ce témoignage ! 🙂
      Comme nos enfants, on apprend tous les jours, et surtout de nos erreurs. L’essentiel est je crois d’en avoir conscience et d’avoir envie de nous améliorer.

  4. Vous avez lancé une perle en disant : “Lorsqu’on parle d’estime de soi autour de nous, que ce soit au sein de notre cercle proche ou de parents, on se rend compte que l’estime de soi peut être vue à tord comme un excès d’amour propre et que la travailler est parfois perçu comme synonyme de favoriser et développer un égo surdimensionné chez notre enfant.
    Elle est pourtant primordiale dans la construction de l’équilibre psychologique à venir ”

    J’accompagne justement des personnes qui n’ont pas eu d’ancrage satisfaisant en matière d’égo et qui se retrouvent à terre dès que se lève la brise, dès qu’une remarque leur est faites ou qu’ils ont l’impression de ne pas être aimé par un tiers.
    Merci pour cette approche fondatrice de l’identité personnelle. C’est très enrichissant
    Pascal

    1. Merci Pascal pour ton retour. Après le travail effectué sur les émotions, il s’agit d’un sujet que nous souhaitions approfondir, comme tout ce qui touche à l’intelligence émotionnelle ! On se rend compte à quel point ces sujets sont déterminants !

  5. Merci à tous les 2 pour cet article très complet, et sur une thématique tellement importante pour le développement de nos enfants ! Chez nous, nous faisons très attention aux mots que nous employons, pour rester dans la bienveillance. Nous leur proposons des activités adaptées à leur âge, qui leur permettent à la fois de progresser, sans les mettre en difficulté, même si on a envie de les pousser à dépasser leurs limites !

  6. Merci pour cet article. L’environnement est forcément très influençable sur la construction de l’enfant et l’attitude des parents est primordiale.
    Ce sujet d’estime de soi est souvent méconnu et porteur de fausses idées comme c’est dit très justement dans le début de l’article “l’estime de soi peut être vue à tord comme un excès d’amour propre et que la travailler est parfois perçu comme synonyme de favoriser et développer un égo surdimensionné chez notre enfant.” mais qu’importe… Le but étant d’aider l’enfant à avoir les outils pour se construire au mieux. L’une des clés est aussi de leur apprendre à utiliser leur propre pouvoir de façon à ne pas leur transmettre (inconsciemment) nos propres limites. C’est tellement subtil tout ça !

  7. Merci pour ce bel article sur l’estime de soi. C’est tellement vrai! J’apporte une attention particulière sur les mots que j’emploie chaque jour pour parler à mes enfants car je suis convaincue qu’ils ont un impact sur eux que l’on peut parfois sous estimer. Soyons y attentif en effet! Si l’on parle positivement de l’enfant et qu’on valorise et qu’on l’encourage cela viendra renforcer son estime de soi, tandis que si l’on pointe beaucoup ses défauts et ce qu’il fait mal cela peut vraiment la diminuer considérablement!

    1. Merci Aline pour ton commentaire ! Notre impact est effectivement loin d’être négligeable. En prendre conscience et y faire attention au quotidien est déjà un premier pas.

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